Si vous pensez que "4K" signifie simplement "4000 pixels", vous avez raison... mais seulement si vous êtes projectionniste de cinéma. Pour le reste d'entre nous, ce terme est le résultat d'un tour de passe-passe marketing qui a transformé une unité de mesure en argument de vente, au mépris de toute logique mathématique.
Voici l'histoire technique réelle derrière l'écran que vous regardez probablement en ce moment.
1. La norme originelle : Le Cinéma (DCI)
Au départ, la logique était pure. Le consortium Digital Cinema Initiatives (DCI) a défini le standard. Comme les écrans de cinéma ont des ratios variables, on mesure la largeur.
2K = ~2000 pixels de large (2048 exactement).
4K = ~4000 pixels de large (4096 exactement). Ici, "K" signifie Kilo (1000). C'est scientifique. C'est carré.
2. L'informatique : La logique de "Surface"
De notre côté, sur PC et TV, nous avions le Full HD (1920x1080) comme brique de base. L'évolution naturelle n'était pas d'élargir l'image, mais de multiplier la surface.
En collant 4 écrans HD (720p), on obtient le Quad HD (QHD) ou 1440p.
En collant 4 écrans Full HD (1080p), on obtient le Quad Full HD (QFHD).
Ce nouveau standard QFHD fait 3840 pixels de large. Pas 4000.
3. Le Hold-up Marketing
C'est ici que le bât blesse. Les départements marketing ont refusé les noms techniques "QFHD" ou "2160p". Ils ont louché sur le cinéma, vu que 3840 était "assez proche" de 4000, et ont volé le terme 4K.
Mais ils ont changé la signification du chiffre 4. Pour le grand public, le 4 de 4K ne veut plus dire "4000 de large". Il est devenu implicitement le symbole de "4 fois la surface d'un écran Full HD".
4. Le piège de la densité et le "Sweet Spot" QHD
Avoir 4 écrans Full HD dans un seul moniteur de 27 pouces, c'est impressionnant, mais c'est souvent contre-productif. La densité de pixels est telle que l'interface devient illisible sans activer un zoom logiciel (scaling à 150% ou 200%). C'est pourquoi, en tant que professionnel, je privilégie souvent le QHD (1440p). C'est le compromis parfait : plus d'espace que le Full HD, mais une densité native lisible sans artifice.
5. L'absurdité finale : Le 8K
La preuve que le marketing ne suit aucune logique mathématique ? Le 8K. Si l'on suit la logique "largeur" (Cinéma) : 7680px, c'est proche de 8000. OK. Mais si l'on suit la logique "surface" qui a vendu le 4K (le multiplicateur) : un écran 8K contient 16 écrans Full HD.
En toute logique commerciale, si le 4K (4 écrans FHD) s'appelle 4K, le 8K (16 écrans FHD) aurait dû s'appeler... 16K.
Conclusion Le terme 4K est une réussite commerciale totale, mais un échec sémantique. Il mélange des choux (largeur cinéma) et des carottes (surface moniteur) pour créer une confusion qui perdure encore aujourd'hui.

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